Résumé
En 1991, Lionel Soukaz initie son Journal Annales, filmant sa « communauté de pédés, de pauvres, de toxicos » confrontée à l’épidémie de sida, 2 000 heures d’images où les événements publics croisent l’intimité de son quotidien. Trente ans plus tard, face à l’impossibilité de réaliser un montage qui rendrait compte de la richesse de cette démarche, Lionel Soukaz et Stéphane Gerard se concentrent sur les associations, les mobilisations, les réunions militantes, prises de paroles et interviews. C’est un formidable objet de mémoire et de réactualisations des luttes, un témoignage fort d’une communauté traversée par la colère et l’urgence de survivre.
L'avis de Tënk
Lionel Soukaz a filmé, consigné, enregistré depuis 1991, avec la méthode et l’abnégation de celui qui sait l’importance de faire trace, de conserver une mémoire. Trente ans plus tard Stephane Gerard reprend toute cette matière à bras le corps, littéralement. Il nous propose un objet singulier, pensé pour être vu sous la forme d’une installation (trois écrans géants accolés les uns aux autres dans l’espace), il est aussi un formidable objet cinématographique. L’installation devient split screen et se côtoient donc sur un même écran trois images. C’est tout un jeu de variations, d’échos, de dialogues qui s’articulent se met en scène entre texte, graphisme et film. On comprend que pour le duo de réalisateurs il ne s’agissait pas seulement de faire œuvre de mémoire mais, par la forme, de remettre en perspective ces archives en leur donnant une résonance inédite. L’Histoire de la lutte est là, sous nos yeux, il faut s’en inspirer et la poursuivre…
Sylvain Bich
Projectionniste