Résumé
En octobre 1987, à l’initiative du sénateur Jesse Helms, le Sénat américain adopte, par une majorité de 94 voix contre deux, un amendement qui impose oblige que les fonds dédiés à la prévention contre le sida soient exclusivement alloués à des structures qui promeuvent l’abstinence sexuelle. Celui-ci stipule également que ces fonds doivent être inaccessibles à toute structure dont le discours préventif pourrait s’apparenter à la « promotion » de l’homosexualité ou de l’usage de drogues. L’adoption de cet amendement est un affront, une gifle pour les associations de défense des droits des LGBT. Et même plus : une déclaration de guerre. Réalisé en 1989, They Are Lost to Vision Altogether fait office de représailles érotiques à cet amendement.
L'avis de Tënk
Il y a le corps, celui qu’on regarde, qu’on désire, qu’on caresse, qu’on lèche, qu’on embrasse, qu’on pénètre, qu’on aime. Et il y a le mal, celui qui ronge de l’intérieur, qui détruit les sourires, les corps et la vie. Et puis il y a ceux qui montrent du doigt, qui jugent et stigmatisent des communautés. Il y a la tristesse, l’amertume, la colère… La lutte, enfin.
Treize minutes, treize petites minutes pour un film coup de poing, pour une mise au point. Tom Kalin n’utilise que ce qu’il voit sur son écran de télévision, objet médiatique phare des années 80. Il refilme des fictions, des pornos, récupère les images d’archives de news et par un travail de montage fait se télescoper toute ces sources, comme un grand vertige, une chute cauchemardesque. Un cinétract, comme un cri, pour que nous entendions et que nous ouvrions les yeux.
Sylvain Bich
Projectionniste
