Résumé
Essai documentaire sur le massif du Mont-Blanc réalisé en collaboration avec des guides de haute montagne et des géomorphologues dans un contexte de changement climatique brutal : fonte des glaciers, dégel du permafrost, augmentation des éboulements rocheux. Trois « dialogues - lectures de terrain » associés aux images de gestes et de corps composent des récits sensibles et subjectifs. Les tournages ont été pensés en termes de sensations visuelles, sonores, tactiles et kinesthésiques pour proposer de nouveaux modes d’appréhension de la haute montagne.
L'avis de Tënk
Camille Llobet considère la montagne non pas comme un paysage figé mais comme un milieu en constante évolution. Composé de trois chapitres, le film recueille la parole de guides de haute montagne aux prises avec les transformations accélérées de la roche, qu’ils vivent sensiblement et physiquement dans leur pratique régulière du terrain. Si la montagne paraît si vivante, c’est par les sons qu’elle produit. Pour les donner à entendre, Camille Llobet s’est fabriquée une « tête binaurale » qui produit un son spatialisé et permet de restituer l’espace des vallées et des moraines, mais aussi de nous faire pénétrer dans les failles au cœur de la montagne. Comme en réponse à l’appel lancé par David Abram : « Certaines parois rocheuses, certains blocs de pierre exigent de nous une sorte d’attention auditive […] c’est seulement à travers le mode de l’écoute que nous pouvons commencer à sentir le volume intérieur du rocher, sa densité et sa profondeur particulière [1]. »
Vincent Deville
Maître de conférences en cinéma à l’université Paul-Valéry Montpellier 3
[1] David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens (The Spell of the Sensuous, 1996), trad. de l’anglais (États-Unis) par Didier Demorcy et Isabelle Stengers, Paris, La Découverte, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 2013, p. 175.