Résumé
D’où viennent les enfants ? De la cigogne, d’une fleur, du bon dieu, de l’oncle de Calabre. Mais regardez plutôt le visage de ces gamins : ils ne font rien pour donner l’impression qu’ils croient ce qu’ils disent. Pasolini se définit dans ce film comme un “commis-voyageur” qui parcourt l’Italie, du Sud au Nord, pour sonder les idées et les mots des Italiens sur la sexualité et démonter la culture “petite-bourgeoise” des années soixante.
L'avis de Tënk
En 1964, Pier Paolo Pasolini tend son micro le temps d'un été aux italiens et italiennes de différents milieux sociaux pour les faire parler de normes et de libertés sexuelles. Mais entre l'élite intellectuelle et bourgeoise qui botte en touche, se disant sans complexes ni inhibitions, et les classes populaires se réfugiant derrière la tradition et les usages immuables, peu de choses sont formulées. Les mots manquent, c'est indéniable, et avec eux la possibilité de remettre en cause le conformisme que Pasolini vient secouer. C'est alors sur les corps et les visages que l'attention se porte. La beauté et la sensualité des images retranscrit la passion avec laquelle Pasolini filme les corps, souvent dénudés, des personnes qui s’amassent autour de lui. C'est à travers eux que se lisent la complexité des désirs refoulés, la peur de s'interroger sur soi et de remettre en cause les règles de la société, mais aussi la volonté, encore timide ou déterminée, de ne plus vivre comme ses aîné·e·s.
Lysa Heurtier Manzanares
Réalisatrice