Résumé
Tenter un salto arrière n’est pas sans risques. On peut se casser le cou, ou atterrir sur sa tête, ou se vautrer sur ses poignets. Rien de tout ça n’est très agréable, alors c’est mon avatar qui s’en charge à ma place. Il s’entraîne sur un processeur à 6 cœurs avec l’aide du machine learning. Le processeur n’est pas à la pointe de la technologie, mais peut quand même calculer 6 sauts par itération. Une itération prend une minute, ce qui fait 360 sauts par heure et 8 640 sauts par jour. Je ne pourrais pas faire autant de sauts moi-même.
L'avis de Tënk
Un principe burlesque : jouir et rire de voir quelqu'un se vautrer. D'autant plus s'il ne risque pas de se fracasser le crâne, car ce quelqu'un n'existe pas. Il n'est qu'un objet virtuel aux contours humains, ceux du réalisateur Nikita Diakur.
Un principe dramatique : la répétition d'un mouvement, jusqu'à plus soif.
Et au fur et à mesure, pour qui ne comprend rien à cette technologie, des questions. Surtout celle-ci : comment un avatar peut-il déformer un matelas lorsqu'il tombe dessus, ou faire valser des pieds de caméra, renverser des bouteilles, bousculer toute une chambre ? Nikita Diakur nous embobine. En fait, il semble bien s'amuser à troubler le réel. Enfin, le réel de son univers virtuel. Enfin, quelque chose comme ça.
Mais il y a plus troublant : lorsqu'il parvient enfin à réaliser son salto arrière, il a l'air content, l'avatar.
Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk