Résumé
Bring Down The Walls confronte l’industrie carcérale américaine à travers le prisme, non conventionnel, de la house music et de la vie nocturne. Inspiré par l’éthique des premiers lieux de musique house, qui fonctionnaient souvent comme des lieux d’engagement politique autant que comme des espaces de libération, l’artiste Phil Collins imagine un grand projet en étroite collaboration avec des personnes confrontées à la prison ou œuvrant à son démantèlement, composé d’un album et d’un espace civique temporaire à New York, dont le film rend compte : il s’y tient en journée des discussions publiques et, la nuit, un sublime dancefloor.
L'avis de Tënk
Comment penser l’abolition du système carcéral, et plus spécifiquement le complexe industriel carcéral états-unien, où des corps sont neutralisés et mis à disposition au bénéfice de profits privés ? Phil Collins se permet un magnifique agencement, inattendu et émancipateur s’il en est : il fait converser ce questionnement avec la house culture – celle-ci est issue, dans les années 1980, de la communauté noire, qui est disproportionnellement visée par l’incarcération de masse trouvant son origine à la même époque.
Incisif, le film renseigne sur tous les fronts, tant sur celui de l’ampleur des injustices et des discriminations que sur les enjeux économiques. Et Phil Collins de réussir son magnifique pari : filmant brillamment la danse, celle-ci ménage des moments, nécessaires pour la lutte, de révélation pure, génératrice de puissance et d’union, incarnation totale de la libération individuelle et collective, politique, des corps et des esprits.
Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition