Résumé
À Brazzaville, un monde invisible régit le monde visible. L’apôtre Médard se démène pour guérir les malades victimes de mauvais sorts. Mais sa vie bascule lorsqu’on l’accuse publiquement de pratiquer la magie noire.
L'avis de Tënk
Appel à décoloniser la pensée, Kongo est décapant. Il_ _ne nous offre pas de nous reconnaître dans ce qu’il nous montre. Il ne l’exotise pas pour autant.
L’apôtre Médard est soupçonné de sorcellerie et donc traîné au tribunal (que les réalisateurs ont plus précisément documenté dans Ordalies, le tribunal de l’invisible, 2021). Mais le tribunal étant coutumier, les juges sont des médiums : ils connaissent ces pratiques. Tous voient la même chose que nous, mais autrement. D’où l’accent esthétiquement mis sur les forces auxquelles croit Médard. Cela nous engage à envisager un autre regard qu’il ne nous est pas demandé d’épouser mais simplement d’accepter comme vérité pour ceux qui voient ainsi. Ce n’est pas une autre culture, c’est la culture elle-même qui est multiple. Si le film exotisait Médard, il suggérerait qu’il a une vision bornée et nous aurions été tentés d’en rire. Mais Médard est tout simplement équivoque. Et si l’absence de rationalisme était l’expression d’une désaliénation ?
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures