Résumé
“J’ai passé six mois en Guinée (Conakry), entre février et juillet 1986. Objet nomade, j’y ai tourné, seule, en super 8, des éléments de la vie des gens et des fragments de la mienne. C’était deux ans après la mort de Sékou Touré et le pays, après deux décennies de fermeture et d’exclusion, était comme resté abandonné dans le temps. Le film n’est pas un documentaire sur la Guinée, pas plus qu’un journal de bord, il est la conjugaison du voyage et de la mémoire, du regard de l’exilé volontaire et de la vie qui mène son train.” Franssou Prenant
L'avis de Tënk
Ce pourrait n’être que le récit qu’un dépaysement, d’un départ, d’une expatriation vers un pays lointain et resté longtemps fermé. Franssou Prenant tisse ici tout autre chose. Sa voix entêtante et littéraire, véritable poème en prose, envahit chaque plan, chaque séquence. Elle nous parle de la perte de repères et surtout de solitude. À mi-chemin entre journal de bord et pensée en mouvement, cette voix n’a pourtant rien d’improvisée et questionne avant tout la mémoire. On y trouve un ton où la première personne et la banalité de la description de la vie au jour le jour n’empêchent pas une certaine ironie, une mise à distance tout au moins. Les images tournées en pellicule ne sont jamais illustratives et évacuent elles-aussi tout exotisme. Le tout nous emporte et met déjà en place un style, une patte propre à cette réalisatrice qui file à travers ses films un univers à part, un cinéma de rupture fait de cette distance réflexive mais aussi d’une intimité adressée à tous et toutes.
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk