Le Louvre n’est pas seulement le musée le plus visité au monde, il est aussi l’un des plus filmés. On se souvient de la traversée en courant d’Anna Karina, Claude Brasseur et Sami Frey dans “Bande à part” de Jean-Luc Godard ou du parcours de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub guidés par Paul Cézanne. Denis Darzacq, quant à lui, ouvre à quatre comédiens britanniques handicapés mentaux les salles vides. Dans ces espaces habités par les chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture, les deux femmes et les deux hommes improvisent un dialogue gestuel étourdissant de liberté et d’invention. Le metteur en scène sait se tenir tantôt en retrait et tantôt au plus proche de ces conversations silencieuses. Il réveille l’intelligence d’un cinéma qui entre en résonance avec le mouvement de ces corps, avec leurs allers et retours entre l’imaginaire de l’intime et celui de l’art. Parfois un simple champ-contrechamp suffit à éclairer un visage sous l’œil d’un tableau.

Hervé Gauville
Écrivain et critique