Résumé
Le cinéaste Jean Eustache a reconstitué une soirée entre amis – dont il fut le témoin voici quelques années – au cours de laquelle un amateur de Jérôme Bosch, Jean-Noël Picq, psychanalyste, s’était livré à un commentaire très personnel du “Jardin des délices”.
L'avis de Tënk
Après avoir mis à contribution son ami le psychanalyste Jean-Noël Picq dans "Une sale histoire" de voyeurisme sordide et allusive, Jean Eustache renouvelle l'expérience trois ans plus tard à la faveur d'un dispositif analogue. Le sexe des femmes observé en cachette est remplacé par un chef-d'œuvre universellement reconnu, "Le Jardin des délices de Jérôme Bosch". Dans les deux cas, il s'agit de dévoiler par la parole plutôt que par l'image ce que l'art et le sexe dissimule ou refoule. Devant un petit public amical, l'exégète improvisé va commenter le troisième panneau du triptyque primitif. Le peintre flamand y a représenté l'Enfer au sein duquel pêcheurs, bêtes, monstres et humanoïdes se livrent à des agencements qui participent davantage des supplices que des délices. Le montage du cinéaste organise ce chaos de corps morcelés en une mise en scène aussi cohérente que la composition de Bosch.
Hervé Gauville
Écrivain et critique