Résumé
Emad, paysan, vit à Bil’in en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé un “mur de séparation” qui exproprie les 1 700 habitants de la moitié de leurs terres, pour “protéger” la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour 150 000 résidents. Les villageois de Bil’in s’engagent dès lors dans une lutte non-violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, et de co-exister pacifiquement avec les Israéliens. Dès le début de ce conflit, et pendant cinq ans, Emad filme les actions entreprises par les habitants de Bil’in. Avec sa caméra, achetée lors de la naissance de son quatrième enfant, il établit la chronique intime de la vie d’un village en ébullition, dressant le portrait des siens, famille et amis, tels qu’ils sont affectés par ce conflit sans fin.
L'avis de Tënk
"La peine et la joie, la peur et l'espoir, tout se mélange… Alors, je filme pour ne pas perdre la mémoire." Dans son récit à la 1ère personne, Emad nous parle du besoin de filmer : un journal pour garder trace, pour témoigner de la montée inexorable de la violence et de la répression de l'armée israélienne. Avec lui, nous vivons la résistance palestinienne de l'intérieur. 5 années à hauteur d'homme et d'enfant, avec les premiers pas de son fils au milieu des barbelés, ses premiers mots "mur" et "cartouche". Nous voyons ses amis qui sont arrêtés, blessés ou tués. Emad lui-même n'est pas protégé par sa caméra et les 5 appareils brisés successivement deviennent l'incarnation de la nécessité de ce film. Un cinéma qui permet de dépasser la colère et de continuer à vivre.
Eva Tourrent
Réalisatrice, responsable artistique de Tënk