Résumé
Un hymne à l’alcool comme seul moyen de survie, un hymne aux communautés éphémères créées par notre besoin de fuir la solitude. La nuit de Noël, entre six heures du soir et quatre heures du matin, Klaus Wildenhahn filme les exclus de cette fête obligée, s’échouer dans un bar de St. Pauli, à Hambourg : camionneurs et prostituées, un entraîneur, un boxeur amateur… dans une quête désespérée de bonheur, de tendresse et de sexe. Les valeurs imprévisibles et abruptes de l’image, les merveilleux hasards du son et les dialogues qui tendent à l’informe font de ce film un chef-d’œuvre inconnu.
L'avis de Tënk
Nous sommes en 1967, le "direct cinema" fait ses premiers pas sur les petits écrans européens. Une nouvelle génération de réalisateurs tente de se libérer des formes et des codes de la bienséance télévisuelle dominante. En Allemagne, c'est Klaus Wildenhahn qui expérimente et s'impose avec cette nouvelle démarche : observer patiemment, se passer de commentaire, filmer ceux qu'on ne voit ni n'entend dans le ronronnement médiatique, quitte à en prendre le contre-pied. Et dans le mythique quartier chaud de la ville portuaire, cité d'adoption du réalisateur, dans un rade exigu où se retrouvent habitués et quelques hôtes de passage autour d'une patronne qui peine à gérer les débits (de toute sorte), les transports (du désir) et les transgressions (des corps), une caméra et un micro transforment le réveillon d'une communauté forcée et fortuite de paumé·e·s en une perle rare de vérité documentaire.
Jürgen Ellinghaus
Programmateur, auteur-réalisateur