Résumé
Dans le plus grand cimetière de Santiago du Chili, au lendemain du coup d’État du 11 septembre 1973, une équipe de 18 fossoyeurs fut réquisitionnée par la junte pour enterrer secrètement au Patio 29 des centaines d’anonymes, victimes de la répression de Pinochet. Lelo, Perejil et Rogelio ont gardé pendant 40 ans leurs souvenirs tourmentés pour eux-mêmes. Mais aujourd’hui, ils sont prêts à partager leur histoire avec Sergio, le plus jeune des fossoyeurs.
L'avis de Tënk
Ils expliquent avec pudeur, par petites touches, par l’anecdote ; ils racontent le pire par le sous-entendu, l’allusion, en slalomant entre les trous de leurs mémoires maintenant âgées ; ils recomposent l’histoire par bribes, à plusieurs voix ; ils livrent et se délivrent dans un même temps. La légèreté de leur ton, de leur humour, de l’autodérision dont ils usent, contrastent avec les yeux écarquillés de surprise ou d’horreur de leur jeune interlocuteur, fossoyeur lui aussi. Et c’est précisément ce décalage discret, sans artifice, entre la forme et le fond, entre la parole et l’émotion, qui donne sa colonne vertébrale à El Patio, le déterritorialise et donne à ce quasi-huis-clos une dimension immense : document sur la dictature chilienne, document sur les rouages techniques et matériels de la machine de mort, le film nous amène surtout du côté de la résistance – psychique, face à l’écrasement et à la peur – et des conditions nécessaires pour autoriser le deuil.
L'équipe d'À bientôt j'espère