Résumé
En 1946, huit mois après les bombardements atomiques, une équipe de cinéma de l’armée américaine réalise au Japon un long métrage documentaire. Plusieurs bobines sont tournées à Hiroshima et Nagasaki mais à leur arrivée aux États-Unis, les images visionnées sont immédiatement classées “secret défense”. La Bobine 11004 explore les 19 minutes d’une bobine de ces rushes et révèle, image par image, la première censure de l’histoire du nucléaire.
L'avis de Tënk
"Est-ce qu'on peut aller dans les images et voir ce qu'il y a derrière ?" Pour Mirabelle Fréville, le désir du film naît avec cette question : savoir qu'elle est l'histoire d'une bobine 35mm tombée de manière fortuite entre ses mains. Alors que dans son métier de documentaliste, elle "passe sa vie à regarder des bouts de films", le petit bout de film qu'elle décide d'arpenter déroule cette fois des questions simples, mais dont la portée rendue visible est assourdissante : qu'est-ce que le nucléaire ? Qu'est-ce que c'est d'être malade sans que l'on voie la maladie ? Qu'est-ce que ça fait aux corps, aux lieux ? Pour sonder ces abysses, elle triture, elle brusque l'image, elle déforme, elle grossit. Pour mieux entendre, elle fait entrer le texte dans l'image et convoque un imaginaire sonore. Et les images surgissent. "C’est pour moi autant une question d’émotion cinématographique qu’un devoir de mémoire".
Julia Pinget
Réalisatrice