Résumé
Dans la forêt des Landes, depuis leur cabane, des hommes scrutent le ciel d’automne. Ils écoutent les bruissements de la forêt et guettent avec avidité le passage des oiseaux. Dans une étrange chorégraphie, ils tirent sur les ficelles du temps pour actionner leur piège. Mais leur terrain de jeu est menacé, tout comme leur pratique ancestrale, et tout autour, les arbres tombent.
L'avis de Tënk
À pas lents, Marine de Contes, observatrice discrète, renverse les postures, nous invitants à nous embusquer derrière notre écran et y guetter un drôle de gibier : un groupe de chasseurs participants d'un étrange rituel. Le film Les Proies nous parle de disparition, d'effacement, à la fois de la forêt et des animaux, mais aussi de ces hommes aux pratiques que l'on devine ancestrales. Il articule avec finesse les deux formes de relation au vivant tel que l'occident moderne l'a inventé. Ainsi d'aucuns condamneront la violence faites ici aux palombes, par amour de la nature, d'autres son exploitation alors que tombent les oiseaux et la forêt. Ce récit anthropologique résonne de manière juste avec cette phrase de Charles Stépanoff, dans L'Animal et la Mort - et c'est là toute la saveur de ce film - : "la sensibilité protectrice anime nos idéaux, tandis que l'exploitation productiviste nous nourrit : indissociable, elles sont l'âme et le corps de notre modernité".
Julia Pinget
Réalisatrice