Résumé
En Indonésie, les ancien·nes prisonnier·ères politiques du Nouvel Ordre de Suharto (militaire et président de la République de 1967 à 1998), sont muselé·es depuis cinquante ans par un système d’oppression toujours actif malgré la démocratie. À travers un tribunal populaire symbolique organisé à La Haye, ainsi qu’un voyage dans l’archipel à leur rencontre, les victimes du régime s’expriment enfin sur leur terrible vécu. C’est alors l’un des plus importants crimes contre l’humanité du 20e siècle qui se dévoile.
L'avis de Tënk
Deux espaces, deux traitements. La Haye, un tribunal : la stérilité de l'issue d'un procès est signifiée par le défilement de photos en noir et blanc et les résonances trop parfaites des voix sonorisées. Indonésie, des lieux d'exactions : le réalisateur filme des témoignages terrifiants. Par des touches sonores légèrement en décalage, le film crée un sentiment de menace insidieuse qui suinte des faits évoqués, et aussi, exprime l'actualité d'un malaise plus de soixante ans après les faits. Vers la fin du film, en plein milieu d'une phrase, un rescapé s'interrompt, est-ce la recherche d'un mot, l'émotion, une perte subite de moyens, un soliloque ? Ce long silence immobile rompant avec le doute instillé jusque-là par la bande son, aboutit à une simple supplique : que lumière soit faite officiellement sur ce passé pour avancer dans un présent sans brumes.
François Waledisch
Ingénieur du son