Résumé
Ce film est issu d’une expérience cinématographique menée en milieu carcéral. Une cellule décor a été construite à l’intérieur du studio audiovisuel de l’établissement pénitentiaire. Huit détenus ont été dirigés durant neuf mois par deux réalisateurs sur un travail de filmage en plan-séquence et d’interprétation. Ils ont été mis en scène deux par deux dans cette cellule et passent tour à tour de la situation d’interprète, à la situation de filmeur. Le regard est ici inversé : ce sont les détenus qui filment et qui s’expriment sur leur vécu avec une caméra-poing …
L'avis de Tënk
Ce sont de solides séquences, de véritables unités de narration, que les protagonistes de 9 m2 ont composées. Chacune d’elles – écrite et jouée avec rigueur et conviction par les détenus eux-mêmes – témoigne avec force de l’intérêt et l’inventivité qu’ils ont investi dans l’expérience proposée par les deux cinéastes. Le plateau de tournage, la cellule-décor est utilisée par les hommes, le plus souvent en duo mais parfois seul, dans toutes ses dimensions : métaphoriques, prosaïques et mentales. La pièce est ainsi, successivement, lieu de détresse et d’ennui, salle de sport, intérieur à tenir impeccable… La diversité des usages et des univers est telle que nous ne nous lassons pas d’en relever les récurrences et les singularités. Les limites de ce tout petit espace se déploient ou se replient, suivant l’humeur et les confidences, les bons mots et les transgressions.
Corinne Bopp
Déléguée générale des Rencontres du cinéma documentaire - Périphérie