Résumé
L’espace d’une cellule. Le temps qui s’échappe… Comment peut-on supporter la privation de liberté ? Neuf détenus révèlent leurs mondes échafaudés derrière les murs, à travers un film personnel dont ils conçoivent l’image et le son.
L'avis de Tënk
Par son dispositif, Si bleu, si calme travaille la diffraction et l’écart. Il trouve ainsi sa forme cinématographique et fait état de l’infranchissable séparation de deux mondes : dans la prison et en dehors. Chaque côté des murs se constituant comme le hors champ de l’autre. Le dedans caché aux regards, qui ne s’appréhende que par l’expérience, l’extérieur inaccessible, juridiquement, physiquement et bientôt mentalement. À la temporalité spécifique du médium photographique à la fois présent perpétuel – instantané – et fixation pour un temps indéfini – photos souvenirs –, la bande sonore oppose sa matérialité et sa continuité. Les qualités littéraires ou concrètes des paroles de détenus, toujours entendues off, ainsi que le cours des cris et des chuchotements participent à la construction d’une communauté que l’image, en l’occurrence les photographies, individualise.
Corinne Bopp
Déléguée générale des Rencontres du cinéma documentaire - Périphérie