Résumé
Grâce aux sons et à la mémoire corporelle, les ancien·nes ouvrier·ères de l’usine Ursus reconstituent une journée de travail dans une usine qui n’existe plus. La symphonie qui en résulte se compose des mouvements chorégraphiés des ouvriers ainsi que du personnel technique, administratif et de direction, accompagnés par la phonosphère recréée de l’industrie lourde.
L'avis de Tënk
L’immense usine polonaise de tracteurs Ursus a été démantelée lors de la chute de l’Union Soviétique. Avec la complicité active des hommes et des femmes qui y ont travaillé, Jaśmina Wójcik monte le projet un peu fou d’une mise en scène qui emprunte à la comédie musicale, au cinéma russe, à l’opéra. De chacune de ces formes, le film intègre les audaces et le lyrisme révolutionnaire.
Peu à peu, les anciens ouvriers commencent à mimer les gestes du travail, se mettent en mouvement, représentations vivantes du réalisme soviétique. L’action culmine dans un cortège gigantesque de tracteurs rutilants et d’hommes en marche vers ce qui s’avère n’être pas tout à fait un avenir radieux mais plutôt une chorégraphie circulaire, dont l’élan finit lové sur lui-même. Qu’importe. L’expérience a fait renaître l’image de liesse et de fierté de temps révolus, où l’homme nouveau était le prolétaire ; et le travailleur, un héros.
Corinne Bopp
Déléguée générale des Rencontres du cinéma documentaire - Périphérie