Résumé
Suite à l’appel du poète palestinien Mahmoud Darwich, membre fondateur du Parlement International des Écrivains assiégé à Ramallah, une délégation d’écrivains est allée sur place pour manifester aux côtés des Palestiniens une « belle collaboration linguistique » dans ces « hauts lieux de la spiritualité » (Ramallah en arabe) où le programme d’humiliation israélienne est aussi une « guerre verbicide ». « Nous voulons écouter et faire entendre d’autres voix dans le fracas de la guerre, celle des écrivains, des artistes, des universitaires, de tous ceux qui préparent l’avenir… Opposer à la logique de la guerre, non pas une force d’interposition mais des FORCES D’INTERPRÉTATION », dit l’écrivain français Christian Salmon, membre de cette délégation internationale.
L'avis de Tënk
En 2002, le Parlement International des Écrivains, dont Mahmoud Darwich est membre, décide d’envoyer une délégation dans Ramallah assiégée par les troupes d’Ariel Sharon, où Darwich se trouve en réclusion forcée. À travers ce voyage dans un territoire morcelé, sans plus aucune continuité topographique, comme un être qui aurait perdu toute capacité de construire des phrases à partir de syllabes, le film trace un chemin qui donne à voir l’état du démembrement et de l’absurde. À l’instar de cette quatre-voies – construite à l’usage exclusif des colons et de l’armée – dont une bande jaune sécurise le trajet pour empêcher toute sortie vers des lieux non balisés, c’est-à-dire palestiniens. Dans cette « zone de langage effondré », huit écrivains dont Wole Soyinka, Russell Banks et José Saramago tentent de briser la « bipolarisation » du discours sur le conflit en remettant en mots et surtout en phrases une complexité de pensée qui vient s’opposer à « la manière dont on détruit les bases même du dialogue ».
Marie-Pierre Brêtas
Cinéaste, membre de l’ACID