Résumé
« La révolution ? T’as qu’à la regarder à la télé ! », lance Farraj à Anna quand les premières manifestations éclatent en Égypte en janvier 2011. Alors qu’un grand chant révolutionnaire s’élève de la place Tahrir, à 700 km de là, au village de la Jezira, rien ne semble bouger. C’est par la lucarne de sa télévision que Farraj va suivre les bouleversements qui secouent son pays. Pendant trois ans, un dialogue complice se dessine entre la réalisatrice et ce paysan égyptien : lui, pioche sur l’épaule, elle, caméra à la main. Leurs échanges témoignent du ballottement des consciences et des espoirs de changement : un cheminement politique lent, profond et plein de promesses…
L'avis de Tënk
Je suis le peuple est un de ces documentaires qui nous accompagnent durablement, tant la sensation est forte d'avoir fait, le temps du film, d’inoubliables rencontres. Celle de Farraj, dans ce village près de Louxor, à 700 km au sud du Caire, où Anna Roussillon l’a rencontré en 2009 au détour d'un champ, et avec qui elle est devenue amie. Quand la révolution éclate en Égypte en 2011, elle décide de filmer chez Farraj et les siens, et nous convie à cette amitié. Spectateurs de la chute du régime de Moubarak qu'ils suivent sur un vieux téléviseur, ces villageois sont aussi de vrais révolutionnaires. Elle partage avec eux l'enthousiasme de ce vent de liberté, les espoirs de changement, et les doutes… Le film se construit comme un huis clos à ciel ouvert, loin du tourment qui agite le Caire où Farraj et les siens expérimentent la démocratie et continuent à travailler la terre. À leurs côtés, avec lucidité, humour et générosité, la cinéaste nous offre une belle leçon de politique et d'humanité.
Régis Sauder
Cinéaste, membre de l’ACID