Résumé
Pierre Bergounioux est l’un des écrivains majeurs de notre temps. Si son œuvre a une portée universelle, elle a aussi ses territoires privilégiés : l’histoire et la littérature, la mémoire et l’écriture, l’enfance et la Corrèze. Une parole, donc, mais aussi un corps - noueux, vibrant, “giacomettien”. Dévoré de passions : Pierre collecte avec une égale férocité les choses et les mots pour les dire, la ferraille, les insectes, tout. Le réalisateur, Geoffrey Lachassagne, raconte : “Nous sommes partis ensemble sur le plateau de Millevaches. Je lui avais demandé d’y capturer pour nous ses insectes préférés : un scarabée, un papillon, des hoplies… Nous avions dix jours. C’était le mois de juin, il aurait dû faire beau, les insectes auraient dû pulluler. Mais ç’aurait été trop beau, trop facile. Ce n’aurait pas été le plateau. Ce n’aurait pas été Pierre.”
L'avis de Tënk
Ecrivain, poète, entomologiste d'âme et de cœur, Pierre Bergounioux est une des figures inclassables de nos contemporains. Céleste et pourtant si lucide, l'homme qui souhaite "faire tenir dans une vie la teneur de plusieurs" attend dans "La Capture" la saison majestueuse qui se fait péniblement attendre. C'est dans cette attente, cet interstice, que Geoffrey Lachassagne parvient à dresser l'un des portraits les plus justes qu’il nous a été donné à voir récemment. Bergounioux est là, dans sa présence et sa parole si uniques et précieuses, pour convoquer les beautés invisibles de la Nature, et quelque part nous rappeler que c'est non seulement toute une faune qui se meurt, mais également (et sans passéisme) la faune de nos enfances innocentes.
Aurélien Marsais
Coordinateur de la programmation à Visions du Réel - Festival international de cinéma Nyon