Résumé
Le quotidien d’une fratrie de cinq garçons gardes-chasse-débardeurs vivant de façon autonome et ancestrale au cœur de la forêt alsacienne dans le Haut-Rhin. Définition des quotas de chasse, régulation des espèces animales, travail du bois et dressage des chiens de sang, la vidéo nous plonge dans ce microcosme familial, une immersion hors du temps dans ce hameau nommé le « Ursprung » qui signifie littéralement « le saut de la montre » en alsacien.
L'avis de Tënk
Le travail de Bertille Bak a toujours flirté avec une forme d’anthropologie marxiste, tendance Groucho. Pour citer le Jeu de Paume, qui présente une passionnante rétrospective en ce moment : « Détournant les représentations habituelles de communautés marginalisées ou invisibilisées, l’œuvre de Bertille Bak met en scène des populations, des rituels ou des situations qu’elle subvertit avec la complicité des protagonistes eux-mêmes ». Et on peut rajouter : avec un humour en creux qui, vif, finit par surgir au détour d’un plan. Cette question du jeu avec la réalité est au cœur du film Le Hameau. Si on épluche la première couche documentaire, une autre apparaît : celle d’une observation – sur le fil de la fiction – du fonctionnement de cette fratrie. Ces cinq hommes au travail jouent à vivre, sous l’œil de l’artiste. Ils se livrent à une pratique vernaculaire de la chasse et de la gestion du bois, qui ont pour eux une fonction sociale. Leurs gestuelles, leurs déplacements dans l’espace, les mots qu’ils prononcent, composent une partition singulière et une étonnante communauté cinématographique que prend plaisir à filmer Bertille Bak.
Benoît Hické
Programmateur et enseignant