Résumé
En Alava (Pays basque). Le loup n’habite plus la terre qui faisait autrefois partie de son territoire, et ce n’est qu’à travers ses contours que nous pouvons nous rapprocher de lui : des vestiges de pièges à loups, de l’urine de prédateur importée des États-Unis, un tas de fumier utilisé pour nourrir les oiseaux charognards et des archers qui tirent sur des répliques d’animaux. “Réserve” construit une histoire sur l’équilibre fragile d’un territoire après la disparition du prédateur, où la coexistence complexe entre non-humains et humains présente un écosystème façonné par la présence et l’action de ces derniers.
L'avis de Tënk
"Réserve" pose un regard empreint de radicalité sur l'absurdité dans laquelle notre artificialisation du monde plonge les espaces et les espèces. Un monde où les forêts se peuplent d'animaux factices pour suggérer leur présence, où le sauvage est domestiqué et où des voix fantômes s'appliquent à inventer de nouveaux stratagèmes pour parfaire cette mise en cage. L'écrivain et poète Jean-Christophe Bailly, dans "Le Dépaysement", décrit avec des mots ce trouble dans lequel nous plonge l'œuvre de Gerard Ortín Castellví : "Ce qui ne va pas, c'est que tout est prévu et calculé de façon lisse, comme si les animaux n'étaient pas des êtres vivants, comme s'ils pouvaient et devaient circuler sans heurts, tels des produits sur les tapis roulant".
Julia Pinget
Réalisatrice