Résumé
De la fenêtre de son appartement, Victor Kossakovsky filme le petit square d’une rue de Saint-Pétersbourg tout au long de l’année qui précède les célébrations du 300e anniversaire de la ville.
L'avis de Tënk
"Voici un exemple de ce qui peut se développer sous vos yeux si vous prenez la peine de regarder". C’est ainsi que Kossakovsky parle de son film. Ce regard bienveillant et curieux sur les événements qui adviennent dans son quartier forme le carburant de son projet. Il y a une part de hasard, ici : comment prévoir la scène de ces deux amoureux enivrés qui s’affalent dans des flaques ou celle qui voit deux prisonniers s’enfuir d’un camion de police avant d’être maîtrisés ? La caméra est aux aguets d’évènements plus discrets : le scintillement de la pluie sur du bitume fondu, la neige qui recouvre la rue, la chronique des incessants travaux d’aménagements de la voirie par de drôles de Sisyphe ou une dame qui attend son chien. Au-delà d’un montage au cordeau, Kossakovsky a recours à des effets d’accélération et à une musique qui n’ont de cesse de rappeler la magie des films muets. On songe aussi à la toute première photographie de l’histoire, réalisée par Niepce en 1827 depuis une fenêtre. Sous son apparente banalité, Tishe ! fourmille d’idées visuelles et bouleverse par son attention portée au monde.
Benoît Hické
Programmateur et enseignant