Résumé
Un activisme inédit se déploie sur les murs par des collages au code graphique identique, saisis en quatre années de luttes féministes et antifascistes (fin 2019-fin 2023). Gestes politiques, individuels et collectifs, cris de révolte contre le patriarcat systémique et le capitalisme, en réponse à la silenciation des violences, ils modifient à vue l’espace public urbain autant que les subjectivités. Faire effraction, (re)prendre la rue, rendre visible, dans une société de plus en plus violemment clivée, ce qui ne l’était pas. Ici et ailleurs, tant qu’il le faudra.
L'avis de Tënk
« Féminicides = 1 Bataclan par an », « Ta main sur mes fesses, mon poing dans ta gueule »… des slogans et autres formules choc ont surgi sur les murs de nos villes. Tracées au pinceau sur des pages blanches, elles affichent à la vue de tous et toutes les violences subies. Dans son film engagé Natacha Thiéry juxtapose des photos de collages à des sons enregistrés lors de manifestations ou dans la rue. L'accumulation permet de prendre conscience de la nécessité de ces actions. On y voit les dégradations répétées, la nécessité de coller encore et encore. Au fil des années, les messages se transforment : solidarité avec les iraniennes, mouvement contre la réforme des retraites, ou contre la transphobie. La convergence des luttes prend ici tout son sens dans une occupation physique et dérangeante de l'espace public. « Toi qui arraches nos messages, as-tu quelque chose à te reprocher ? »
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk