Résumé
On sait peu de choses sur la mystérieuse figure d’Isabel Santaló, une artiste aujourd’hui oubliée. Mais, de temps en temps, des visiteurs lui rendent visite. À travers eux, et par la voix d’Antonio López, peintre de sa génération l’ayant côtoyé, se dessine un film sur la mémoire et l’oubli, sur ce que cela signifie d’être une femme et une artiste.
L'avis de Tënk
Isabel a disparu. « Que pouvions-nous faire ? » s’interroge le peintre espagnol Antonio López, un ancien compagnon de route. En off, il évoque cette artiste formée aux Beaux-Arts de Madrid, passée par le musée du Louvre et le MOMA au coeur du 20ème siècle et ce que lui inspirait sa peinture, « lumineuse et sèche ». En contrepoint, la caméra suit les mouvements d’une femme âgée dans un appartement moderne : le temps du lever, de l’habillement, ses pas hésitants dans le couloir peu éclairé, le fauteuil-refuge où se poser pendant la journée. Il faut attendre la moitié du film pour entendre la voix d’Isabel. Elle se raconte avec simplicité. Les bourses obtenues, les premiers succès, les portes qui s’entrouvrent puis se referment. La réalisatrice, sa nièce, lui demande pourquoi elle n’a pas percé. La vieille dame s’en agace. C’est le point de bascule du film, ce qui en fait sa force : est-ce vraiment à elle d’apporter une réponse à la question persistante de la place de la femme artiste dans nos sociétés ?
Pauline David
Programmatrice, directrice du festival En ville ! (Bruxelles)