« Bixa-travesty » dénomination que s'est choisie Linn da Quebrada se traduirait par « trav-tapette ». Elle et sa complice Jup do Bairo sont nos précieuses guides dans cette plongée intense au-delà des genres. Lunettes fluo et maillot de bain limé, prélassées dans un sauna, Linn dit à Bairo : « je voudrais qu'en me voyant tout le monde sache que je ne suis pas un homme, sans savoir exactement ce que je suis », alors qu'elles discutent des diktats imposées aux femmes pour être identifiées en tant que telles. Chanteuses, elles écrivent ensemble et aiment aussi jouer, inventer des jeux, faire des conneries pour le film et en dehors. Mais sur scène elles conçoivent leur musique comme une arme à déplacer les termes établis, nous enjoignant à nous entarlouzer avec elles pour contrer les hommes dominants. Derrière chaque texte, il y a les violences vécues et la rage pour accéder à elles-mêmes qui tambourinent. Leurs voix puissantes qui scandent sur des percussions nous ramènent aux battements de notre cœur, à la vie comme une pulsation intérieure avant tout. 

Lysa Heurtier Manzanares
Réalisatrice