Résumé
Pendant cinq semaines, Chantal Akerman a suivi Pina Bausch et ses danseurs du Tanztheater Wuppertal à Venise, Milan, Avignon. Au travers de scènes extraites des spectacles, de séquences de répétition et de préparation, la réalisatrice a cherché à évoquer par l’image l’univers artistique et imaginaire de la chorégraphe allemande.
L'avis de Tënk
Chantal Akerman est partie de là : "Quand je vois un spectacle de Pina Bausch, je ressens une émotion très forte que je n’arrive pas à définir, qui ressemble peut-être à du bonheur. Mais, à des moments, je dois me défendre de ce qui est exprimé, fermer les yeux, et je ne comprends pas pourquoi." Voilà un ambitieux programme, une superbe interrogation sur l'art et un défi pour le cinéma qui, a priori, ne peut fermer l'œil quand la caméra tourne, mais dispose du loisir de cligner des yeux par l'intermédiaire du montage. "Un jour, Pina a demandé" va à l'encontre des films documentant la création comme un processus — un début, un milieu, une fin — et prend le parti, peu étonnant de la part de Chantal Akerman, d'agencer de longs plans fixes de moments forts comme "creux". C'est bien heureux, le film ne répond à aucune question, mais il guette le mystère, sonde de façon troublante la naissance de l'inspiration, de l'émotion, les yeux bien ouverts, décillant ceux des spectateurs.
Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique