Résumé
1983 – l’an 1362 selon le calendrier solaire en usage en Afghanistan –, quatre ans après l’intervention “amie” de l’URSS dans ce pays frontalier où un gouvernement putschiste d’inspiration marxiste-léniniste était à bout de souffle. Volker Koepp se voit proposer ce projet singulier : un mois de tournage dans ce nouveau “pays frère” lointain et inconnu. Kaboul, Jalalabad, Mazar-i Sharif : rencontres avec quelques habitant·es de conditions diverses, parmi eux·elles des bénéficiaires du nouveau régime soutenu par les pays de l’Est, et “images de jour”, impressions cueillies sur le vif sur une terre lourdement marquée par la persistance d’une guerre non-déclarée.
L'avis de Tënk
Les contraintes qui pèsent sur le projet sont multiples : politiques, sécuritaires, linguistiques, logistiques, culturelles. Une non-contemporanéité inhabituelle, qui se traduit par le titre même du film, pose d'emblée problème. "Comment faire un film, en peu de temps, et sur quoi ?" s'interroge Volker Koepp sous le ciel nocturne de Kaboul balayé par les faisceaux lumineux de la défense antiaérienne. Le film avance en tâtonnant : scènes de rue et de vie, un plan bucolique montrant un berger avec son modeste troupeau, puis un char soviétique H.S. remorqué… Au montage, la situation, complexe, trouve son expression dans la dialectique des contradictions : tradition versus modernité, artisanat versus fabrication industrielle, clanisme versus État centralisé, religion versus sécularisation. Peu d'affirmation ici, si ce n'est – entre ces plans, singuliers, images tantôt chargées de lyrisme tantôt de manifestations de sympathie un peu convenues face à la caméra de ces "occidentaux de l'Est" – celle d'un doute, profond, à propos des chances d'aboutir du "processus révolutionnaire" en cours.
Jürgen Ellinghaus
Programmateur, réalisateur