Ce film contient des images pouvant heurter la sensibilité de certain·es spectateur·ices.
Résumé
John Heartfield (né à Berlin en 1891), fut membre fondateur du Parti communiste allemand (KPD) en 1918, il travailla comme artiste avec les dadaïstes allemands, puis avec le peintre George Grosz et, à partir des années 1920, il transforma la technique du photomontage en un art politique implacable contre le fascisme et le capitalisme. Helmut Herbst, grand cinéaste allemand libertaire peu connu en France, raconte sa vie, sa pensée et son travail dans un essai filmique novateur, entre animation et propagande.
L'avis de Tënk
Helmut Herbst prend sans aucune hésitation le relais de l'art de John Heartfield : il exploite au maximum les capacités imaginatives du médium technique et il transmet son message avec la plus grande efficacité au public de masse du cinéma. Heartfield est placé directement au sein de la politique qui a façonné son œuvre - mais sans capituler devant la tradition du film documentaire sur la vie d'artiste, toujours décevante. Herbst prouve que Heartfield, son œuvre et le monde dans lequel il a vécu ne sont intelligibles que comme un ensemble de réalités sociales interdépendantes. En animant visuellement certains de ses photomontages, Herbst nous dévoile le processus de leur production et ainsi il dément toute séparation simpliste de la forme et du contenu, de l’art et de la production. Son but est de retisser une relation forte entre esthétique et politique, en refusant résolument d'autonomiser l'esthétique. Pour Heartfield, comme pour Herbst, il faut saisir la recherche formelle dans ses dimensions sociales : si Heartfield avec ses photomontages a su inverser l'objectivité apparemment indiscutable de l'image photographique, Herbst a su continuer cette œuvre de déconstruction de la propagande mais dans le 7ème art, grâce à son travail de démontage dialectique.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant