Résumé
À partir d’images d’archives coloniales, la femme de lettres algérienne Assia Djebar compose un essai où la bande-son donne la parole aux Maghrébin·es. Poésies, cris de révolte et chants, en arabe et en français, viennent, en contrepoint de l’histoire officielle, faire revivre la domination vécue par les peuples Nord-Africains.
L'avis de Tënk
La Zerda, ou les chants de l'oubli (1982) est l'un des deux seuls films réalisés par la romancière algérienne Assia Djebar, avec La Nouba des femmes du mont Chenoua (1977). Puissant essai poétique à base d'archive, dans lequel Assia Djebar – en collaboration avec le poète Malek Alloula et le compositeur Ahmed Essyad – déconstruit la propagande coloniale française des actualités Pathé-Gaumont de 1912 à 1942, pour révéler les signes de révolte parmi la population maghrébine soumise. À travers le remontage de ces images de propagande, Djebar récupère l'histoire des cérémonies de la Zerda, suggérant que la puissance et le mysticisme de cette tradition ont été oblitérés et gommés par le voyeurisme prédateur du regard colonial. Ce regard même est ainsi subverti et une tradition cachée de résistance et lutte est révélée, contre toute tentation exotisante et orientaliste.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant