Résumé
« Je vais en voyage et j’emporte avec moi des empreintes du bras droit d’une femme nommée Da, aussi 140 mètres de films d’un simulacre de combattants pygmées fumant une pipe, une coiffure… ». Des jeunes bruxellois·es consultent une liste de près de 8000 objets collectés lors d’une expédition menée au Congo entre 1911 et 1913. Ces témoins de l’Histoire coloniale ouvrent le dialogue sur des réalités autrefois contées, désormais montrées et interprétées. Voyage dans un temps non révolu.
L'avis de Tënk
« Comment les Blancs ont-ils fait pour entrer dans la tête des Noirs ? » se demande un jeune Bruxellois, à la vue d’images de porteurs dont la docilité face aux colons l’interroge. Pour contrer le déni quant à l’impact de cet abominable passé, Sarah Vanagt insère dans des scènes qui pourraient être ordinaires des listes d'objets rapportés du Congo et toujours exposés dans un musée belge. Plutôt que les oublier un peu trop vite, il s’agit donc de se les approprier, et de les laisser susciter mémoire et imagination. Les porteurs, ce sont aussi ces jeunes gens qui charrient malgré eux une histoire et adoptent face à elle une distance critique. Le voyage que la cinéaste leur propose ne se limite pas à une revisitation : au-delà des crimes du passé, les artefacts auxquels elle les confronte constituent autant de clés pour comprendre les mécanismes de l’intimidation politique.
Olivia Cooper-Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma