Résumé
“Entre le 6 avril et le 4 juillet 1994, le génocide des tutsis et les massacres des hutus modérés fit environ un million de morts au Rwanda. Alors que dans tout le pays, des massacres étaient perpétrés à grande échelle, à Ntarabana au nord du Rwanda, Rugwiza Froduald et Mukankundiye Anne-Marie cachaient et protégeaient des tutsis au péril de leur vie. Peu après la fin du génocide, Murekaze Anastasie, rescapée du génocide, a su trouver la force de pardonner et de se réconcilier avec ceux qui avaient assassinés son mari et ses enfants.”
L'avis de Tënk
Comment face à l'horreur des récits échapper au pathos pour privilégier l'écoute et générer le désir de comprendre ? François Woukoache y parvient avec une infinie délicatesse. Cela tient à la distance qu'il entretient avec des paysages en plan fixe, souvent surexposés, comme irréels, lieux des exactions, tandis que les témoignages sont savamment éclairés pour mettre en valeur une personne parfois silencieuse à l'écran. Les pauses permettent de respirer : mélopées murmurées, chant des oiseaux, souffle du vent, chants de consolation… "Le traumatisme est un peu atténué lorsque la tragédie est collective", lâche Anastasie Murekaze. "Le problème, ce sont ces pensées qui nous hantent". Tout est là : une génération pour laquelle l'oubli est impossible a la lourde charge de la réconciliation. Cela ne va pas sans de solides valeurs. Ce film est d'autant plus un hommage qu'en respectant profondément les personnes qu'il filme, victimes ou bourreaux, il s'inscrit à jamais dans nos mémoires.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures