On a beau jeu de dire qu’un film fait par exemple quatorze minutes - quand sa durée véritable, le rythme et la temporalité qui lui sont propres, le film les invente immanquablement à chaque plan, à chaque raccord de plans. Dans le cas de Retour à la rue d’Éole, dans lequel Maria Kourkouta fait feu de tout bois, le montage, les surimpressions, les ralentis et les répétitions apportent une telle densité cinématographique à la matière préexistante (images, voix, poèmes, musiques) – dont elle semble vouloir « retrouver la semence première » – que le film parvient à saisir les beautés clandestines que chaque instant contient et, ainsi, déploie. Ces corps, tout particulièrement, que le désir semble précipiter dans la course ou dans la danse, et dont les mouvements, la vitesse, sont ici décomposés, image par image, arrêtés et répétés comme pour en saisir le rythme et la vitalité. 

Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier