Résumé
Jaweb a 19 ans et rêve de devenir matador. En marge du milieu taurin camarguais, le jeune homme s’entraîne seul. Tous les soirs sur un terrain vague, il répète les mêmes gestes. Avec sa cape rouge, il s’unit à un taureau imaginaire qu’il accompagne inlassablement vers une fin idéale. Mais pour se faire un nom, Jaweb doit se confronter à la mort. Des fantasmes de gloire du jeune homme jusqu’à la réalité crue d’une pratique hors du temps, le parcours de Jaweb nous entraîne dans une réflexion autour de la corrida, dernier lieu de spectacle où l’on vient regarder la mort en face.
L'avis de Tënk
En mettant en scène Jaweb dans son cheminement d’aspirant matador, Pascal Catheland souligne la théâtralité de la pratique controversée qu’il aborde. Avant que n’arrive l’animal, et avec lui la violence, les attitudes du corps se livrent dans leur pureté chorégraphique. Le jeune homme se plie à un rituel ancestral, comme mû par une énergie venue du passé. Toréer est aussi une affaire de statut social : le monde de la corrida est peuplé de figures légendaires, parmi lesquelles Jaweb voudrait compter. Mais pour prendre la lumière depuis le cœur de l’arène, il faut explorer une noirceur : aller vers la cruauté, et jusqu’à la mort. De la sous-exposition à la surexposition, Le Soleil ni la mort embrasse plastiquement les paradoxes d’une humanité qui provoque ce qu’elle redoute le plus, pour mieux le conjurer.
Olivia Cooper Hadjian
Membre du comité de sélection de Cinéma du réel,
Critique aux Cahiers du Cinéma