Résumé
"De Clichy-sous-Bois tout est parti. La mort de deux adolescents, puis la révolte, la colère et l’indignation. D’ici est parti le brasier qui enflamma comme une traînée de poudre l’ensemble des villes limitrophes avant de se propager au reste de la France. En prenant Clichy pour exemple, ce film tente de sonder les raisons de la colère. J’ai voulu regarder d’ici l’ensemble des violences invisibles, celles qui font rarement la une des journaux, mais qui portent pourtant les germes de la révolte de novembre 2005. De la cité à l’école, de l’école à la mission locale, en passant par le cabinet du maire, chacun·e essaie chaque jour de lutter contre les injustices sociales qui empoisonnent toujours un peu plus la vie dans les banlieues. Un an après les émeutes, le constat est amer : "Rien de nouveau sous le soleil" à Clichy-sous-Bois."
L'avis de Tënk
"Violemment les banlieues se rappellent à la république". En 2005, à Clichy-sous-Bois, la mort brutale de Zyed Benna et Bouna Traoré auxquels le film est dédié, a fait surgir aux yeux de la nation, le visage criant de douleur des banlieues populaires torturées par la misère et la relégation. La colère spectaculaire qui s’est emparée de territoires paupérisés était à l’évidence une révolte contre des inégalités criantes, dans l’accès à des logements salubres, à une instruction de qualité et à l’emploi.
"On craque ici !". À travers des voix désemparées face à l’injustice sans issue, la caméra s’introduit derrière les flammes de la révolte pour proposer une radiographie des dysfonctionnements, "humiliations quotidiennes" et autre "violences invisibles" qui font douloureusement écho à des questions toujours actuelles.
On perçoit le talent d’une grande cinéaste en devenir, Alice Diop qui, comme personne, filme inlassablement la France en exposant ses voix étouffées et ses angles morts.
Rokhaya Diallo & Grace Ly
Autrices et animatrices du podcast Kiffe ta race