Résumé
La carrière Fontblanche, l’un des derniers bidonvilles de France en bordure de Cassis. Une sorte de village sans nom, sans enfant, sans femme. Un village comme un faubourg honteux, une petite banlieue d’une petite ville trop riche et trop précieuse pour en faire un étalage. Le documentaire propose de raconter la vie de ces hommes, tous d’origine tunisienne et de ce bidonville vieux de trente ans, fait de planches, de bâches et de débris, que l’on va détruire, poussant ainsi ses habitants maintenant trop vieux vers un relogement, vers un deuxième déracinement.
L'avis de Tënk
En quelques décennies, l’immigration est devenue un thème majeur du débat politique français. Brandie telle une menace ou au contraire avec l’abstraite générosité des discours progressistes, elle est souvent dépouillée de ses incarnations. Sonia Kichah donne un visage à ces humains frappés par la douleur de l’exil. Après avoir construit de leurs mains le confort dans lequel se complaisent aujourd’hui les habitant·es de Cassis, des ouvriers tunisiens ont été relégués à des bidonvilles, sans leurs épouses ni leurs enfants.
Prisonniers d’un temps qui s’est écoulé sans qu’ils n’en prennent la mesure, ils réalisent qu’ils ont passé quarante ans, la totalité de leurs vies d’adultes, confinés dans des habitations indignes, sans véritable foyer, loin de la terre qui les a vus naître. “Étrangers à leur famille” selon les termes de l’un de ces hommes, brisés par la relégation, ils sont en France maintenus dans une situation absurde. Et la solution de relogement qui leur est finalement proposée survient tardivement comme une aberration après une vie de labeur et d’indifférence qui s’achève dans la mélancolie et la quête de sens.
Rokhaya Diallo & Grace Ly
Autrices et animatrices du podcast Kiffe ta race