Résumé
Difficile, pour un public, d’imaginer à quels entraînements acharnés s’astreignent les acteurs. Guidée par l’illustre metteur en scène Louis Jouvet, une apprentie-comédienne tente de déclamer l’ultime tirade d’Elvire dans Dom Juan. Un exercice particulièrement ardu, au cours duquel la jeune fille devra mobiliser des trésors de sensibilité.
L'avis de Tënk
Il y a un vertige à voir et à écouter, grâce au film de Benoît Jacquot, l’adaptation que la metteuse en scène Brigitte Jaques-Wajeman a tirée en 1986 de sept leçons données par Louis Jouvet au Conservatoire en 1940. Parce que le matériau d’origine en est documentaire et par essence théâtral, parce que cette adaptation sonde le fond même de ce qui fait, sur un plateau, le processus de travail. Pour être à même de restituer précisément les enjeux propres à ce travail, dans le détail de sa recherche, des doutes et des révélations qui la constituent progressivement, il fallait deux grands comédiens et, tout particulièrement, le génie d’un acteur. Si le film Elvire Jouvet 40 est aussi, à divers titres, une archive, au sens fort d’une ressource inépuisable et susceptible toujours d’être sollicitée à profit, il l’est notamment du génie propre à cet immense comédien que fût Philippe Clévenot. Benoît Jacquot a su merveilleusement le saisir, en un film qui, bien plus qu’une captation, s’avère être un grand film sur le théâtre.
Fabien David
Programmateur du cinéma Le Bourguet de Forcalquier