Résumé
Un metteur en scène répète avec sa troupe la pièce d’Edward Bond Dans la compagnie des hommes. C’est l’histoire de quelques hommes de pouvoir et de la guerre qu’ils se font. Une histoire de princes d’aujourd’hui, réglant leurs comptes à coups de stocks options, de complots financiers et d’O.P.A. C’est l’histoire d’un fils plongé au cœur d’un combat financier qui oppose deux hommes d’affaires – un héritier et deux rois – auquel sont aussi mêlés un chambellan, un fou et un manant.
L'avis de Tënk
En 2008, Arnaud Desplechin déclarait dans une interview au sujet de Léo (…) : « plutôt que de me dire, “je vais filmer la pièce d’un dramaturge marxiste anglais”, je me dis : “je vais faire un film noir avec un fusil, des sous-marins, une bagarre et des méchants.” ». Pour autant, cette adaptation assez fidèle de Dans la compagnie des hommes excède le seul propos de la pièce d’Edward Bond (et sa narration) pour s’offrir des échappées. L’on quitte alors le 35mm pour la vidéo ; la fiction pour le documentaire et l’on plonge dans la préparation du film, ses répétitions. Cette adjonction au récit des images de la représentation théâtrale comme de ses répétitions produit un objet mouvant et extrêmement singulier. En travaillant l’hybridation à loisir, l’ensemble – génialement interprété par l’équipe d’acteurs (Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, Anna Mouglalis, Sami Bouajila, etc.) – dévoile en même temps que la narration la mécanique de la construction de celle-ci. Nous voilà baladés entre l’histoire et sa salle des machines, et cette mise à nu des coulisses rappelle avec pertinence, au passage, que toute fiction porte en elle le récit de sa propre fabrication.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique