Résumé
La vie quotidienne des migrants (Syriens, Kurdes, Pakistanais, Afghans et autres) dans le camp d’Idomeni. En attendant de traverser la frontière gréco-macédonienne : des queues pour manger, boire du thé, consulter un médecin… Un jour, l’Europe décide de fermer ses frontières une bonne fois pour toutes. Les “habitants” d’Idomeni décident, à leur tour, de bloquer les rails qui traversent la frontière.
L'avis de Tënk
Des corps encapuchonnés traversent le cadre, ployants sous les bagages. Le plan dure. Un mouvement inverse dérègle alors cette procession, surprend, crée une confusion. La caméra se pose ensuite dans d'immenses queues. Disparates, disloquées par des cheminements que l'on devine effarants, les chaussures piétinent dans la boue. Le spectateur, installé dans une attente absurde, en ressent bientôt la cruauté avant que la révolte éclate.
Puis la caméra va de tente en tente, à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, et de tant d'enfants. Aux couleurs ternes succède la douceur du noir et blanc de la pellicule, à travers laquelle tous nous regardent, souriants, pleins d'une salutaire détermination. Dans ce basculement, une voix interroge notre aveuglement présent et notre amnésie envers d'autres déplacements au sein de l'Europe.
Pascal Privet
Programmateur indépendant, réalisateur