Premier Sénégalais admis à Normale-Sup à Paris – concours que le président Léopold Sédar Senghor avait raté – fervent militant de mai 68 en France comme au Sénégal (qu’il considérait toujours comme une colonie française), Omar Blondin Diop a marqué les mémoires. Refoulé du territoire français en 1969, formé à la lutte armée en Syrie, proche du mouvement des Black Panthers exilés à Alger, il fut arrêté au Mali en 1972 puis extradé au Sénégal. Incarcéré à la prison de Gorée pour « atteinte à la sûreté de l’État », il y décède un an plus tard de façon mystérieuse : officiellement par pendaison, officieusement suite à une bastonnade de ses geôliers. À travers des témoignages de ses amis et de sa famille, des images d’archives et quelques séquences dessinées, le réalisateur Djeydi Djigo, de 45 ans son cadet, interroge la trajectoire de cette étoile filante de la scène politique sénégalaise, longtemps considérée comme ennemi public n°1 et devenue symbole de résistance.

Claire Diao