Résumé
“Jusqu’au bout” est consacré à la grève de la faim, dans l’église de Ménilmontant à Paris, de cinquante-six travailleurs tunisiens pour l’obtention de leur carte de travail. Après une séquence montrant le recrutement d’ouvriers en Tunisie même, d’autres travailleurs immigrés témoignent de la dureté de leurs conditions de vie en France. Soulignant la continuité entre combat antiraciste et lutte contre l’exploitation, le film accompagne les grévistes de la faim jusqu’à la victoire, célébrée collectivement en une danse débridée.
L'avis de Tënk
En 1973, le collectif Cinélutte réunit essentiellement des étudiants et enseignants de l’IDHEC, dont Richard Copans, qui avait déjà participé à plusieurs films militants depuis Mai 68. "Jusqu’au bout" prolonge l’engagement de l’extrême gauche, notamment maoïste, aux côtés des ouvriers spécialisés ("OS") immigrés. Mais, ici, le combat ne se déroule pas en usine ; il s’agit d’une grève de la faim afin d’obtenir des "papiers". C’est sans doute le début d’une nouvelle époque (fermeture des frontières) et le développement d’autres solidarités, à l’échelle d’un quartier par exemple. Le film s’écarte du didactisme pour livrer sans commentaire deux visions opposées des corps immigrés : seuls et figés sous les questions du recruteur ; dansant ensemble avec une incroyable liberté, une fois la victoire acquise.
David Benassayag
Editeur et co-directeur du centre d'art le point du jour