À qui, ou à quoi, la conjonction du titre lie-t-elle Arnaud ?
Au réalisateur, qui s’accroche à son visage, et semble faire le film pour être avec lui, l’aider à se tenir debout, et lui ménager place et mémoire en ce monde ?
Ou bien à l’alcool, qui ouvre à la lucidité ou couvre le monde de brouillard et de mélancolie ?
Comme les vieux rois détrônés des contes, dont le visage attire avec autant de beauté l’ombre que la lumière, Arnaud, un Guillaume Depardieu enfantin et foutraque, d’une grande douceur et d’un feu furieux – erre. Mais il ne peut se défaire de l’amitié et de la fidélité qu’on lui porte, malgré lui.
Si la forme est classique, il y a la délicatesse. Et la grâce singulière d’un visage ; la simplicité des échanges ; la retenue d’Arnaud, comme intimidé par le fait d’être filmé – mais qui parfois se brise, et laisse affleurer la noirceur, la violence et la douleur.

Jimmy Deniziot
Pré-sélectionneur pour les États généraux du film documentaire - Lussas