Résumé
Mohamed Bourouissa filme les « urban riders », ces cavaliers d’un quartier pauvre de Philadelphie, sortes de cow-boys urbains des temps modernes. Le film rend compte avec force de cette utopie à travers un club équestre associatif à vocation sociale qui accueille les jeunes du quartier et sert de refuge aux chevaux sauvés de l’abattoir. Fasciné par l’histoire de la représentation des cowboys noirs, il synthétise des questionnements récurrents : l’appropriation des territoires, le pouvoir, la transgression.
L'avis de Tënk
« C'est qui John Wayne ? C'est moi John Wayne putain ? Il est forcément noir… ». C'est sur ce ce dialogue que s'ouvre le documentaire de l'artiste Mohamed Bourouissa, qui met en exergue, à travers ce film, la réappropriation contemporaine dont fait l'objet la figure du cowboy par les Afro-américains. En effet, les cowboys noirs ont longtemps été invisibilisés dans l'histoire des États-Unis alors qu'ils étaient pourtant des milliers à fuir les états du Sud après l'abolition de l'esclavage et la guerre de Sécession, pour tenter leur chance à l'Ouest, en devenant cowboys dans les ranchs. Ici, on est loin de la saveur traditionnelle du bien contre le mal, avec une touche de comique de situation de Blaxploitation des années 1970 ou du mainstream de l'album Cowboy Carter, sorti en avril 2024 par Beyoncé… Bourouissa filme dans un quartier populaire, des jeunes hommes qui en devenant cavaliers, deviennent aussi des hommes libres de se définir. L'un d'eux affirmant : « Je sais que tout le monde voudrait voir ça, mais je ne m’habille jamais en cowboy… je me sens cavalier ».
Farah Clémentine Dramani-Issifou
Commissaire d'exposition, programmatrice de films et chercheuse