Résumé
Le visage d’une femme. Deux voix qui plaisantent, puis une chanson populaire, “Juste une heure toi et moi”. Ce visage, cette voix sont tout ce qui reste à Alina Marazzi de sa mère suicidée quand elle avait sept ans et dont elle essaie de retracer l’existence à travers un montage de séquences filmées par son grand-père maternel entre 1920 et 1970. À ces images muettes répond la voix de la réalisatrice lisant les lettres et les journaux que sa mère a écrits au cours de sa vie, mais aussi les fiches médicales des hôpitaux psychiatriques.
L'avis de Tënk
Les mots d'une mère, la voix d'une fille. Le regard d'un grand-père, le montage d'une petite-fille. Ce sont les éléments sur lesquels repose l'un des films d'archives les plus intéressants jamais réalisés : un voyage dans l'histoire d'une famille de la haute société milanaise, qui met en lumière une condition féminine courante, jamais traitée avec l'attention qu'elle mérite : la dépression post-partum. En l'espace d'une heure, Marazzi ressuscite sa mère à travers les images éblouissantes de son grand-père, plongeant dans le malaise qui l'a poussée à mettre fin à ses jours, laissant derrière elle deux jeunes enfants. Ce geste de réappropriation par le biais de séquences filmées, d'enregistrements anciens, de photographies et de lettres marque une impossible réconciliation avec une blessure qui traverse la matière même du film. Un documentaire qui a marqué une nouvelle voie pour le cinéma indépendant italien.
Daniela Persico
Programmatrice et critique