Résumé
Dans l’ombre des lumières vives de Las Vegas, sonne le dernier appel d’un bar de quartier affectueusement connu sous le nom de Roaring 20s. Prémices d’une histoire où la réalité semble aussi irréelle que le monde extérieur duquel les habitués du bar s’échappent. Bloody Nose, Empty Pockets est une mosaïque de vies disparates, où chacune vacille entre dignité et débauche, se remémore son passé face à un avenir incertain, et continue de chanter tandis que sombre le navire.
L'avis de Tënk
Une rue quelconque au matin, une chanson de Buck Owens – Big in Vegas – et pour les titres une typo jaune et grasse : le décor est planté, c’est l’Amérique. Celle d’un bar un peu paumé qui serait à Las Vegas. Avec ses habitués qui se connaîtraient depuis des années. Ici le conditionnel est important. Cette nuit que nous font passer les frères Ross peut faire penser à celle, hambourgeoise et en cinéma direct, de l’extraordinaire Heiligabend auf St. Pauli de Klaus Wildenhahn. Elle en a le même degré d’alcoolémie et la même intensité dans les échanges humains – effusions, lamentations, déclarations d’amour et accès de violence. On apprendra pourtant qu’on est bien loin du cinéma direct : les réalisateurs ont réuni des personnes qui ne se connaissaient pas nécessairement, pour un tournage qui ne se déroula pas du tout à Vegas. Et cela rend l’expérience du film d’autant plus passionnante : ici la mise en scène emmène avec force la vérité des êtres et de leurs passions.
Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk