Résumé
« Je me suis dit : si je fais moi-même un Cinéaste de notre temps sur moi cinéaste de notre temps, ce serait une sorte d’autoportrait. Et la meilleure manière de réaliser cet autoportrait ce serait de faire parler mes anciens films. De les traiter absolument comme si c’était des rushes que je monterai pour créer ce nouveau film, qui serait alors un autoportrait de moi. J’en ai parlé, je l’ai proposé. On m’a dit oui, mais il faut qu’on te voie. Il faut quand même que tu parles de toi. Et c’est là que les problèmes ont commencé. »
L'avis de Tënk
Akerman se prête frontalement au difficile exercice de l’autoportrait. Comment se raconter, se demande-t-elle, faisant œuvre de ses difficultés à réaliser ce film, à élaborer ce partage de sincérité et son artificialité inhérente. On retrouve le rythme de sa voix, son renoncement (pourtant partiel) à l’écriture, sa grand-mère, qui peignait – puis on bascule dans un autoportrait en images : une valse avec la cinéaste, le temps d’y retrouver des extraits qui recomposent un tout. Une valse parce qu’on y danse beaucoup, on va de bras en bras, dans la solitude et le désir tout à la fois. On chante, on fait la manche aussi. C’est un nouveau film donc, fait de travellings et de pas, de visages (celui, saisissant, de Circé Lethem, qu’Akerman est la première à avoir fait tourner), de femmes à différents moments de leur vie, d’entêtements, de cirage conventionnel, de cirage révolté, et de vies prises dans l’histoire.
Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d’exposition