Résumé
L’écrivain Félix Bruzzone incarne un joggeur obsédé par le Campo de Mayo, la plus grande base militaire d’Argentine. Principal centre secret de détention, de torture, et d’exécution au cours de la dernière dictature, c’est aussi le lieu où la mère de Félix a disparu en 1976.
L'avis de Tënk
L’entrée du Campo de Mayo reste interdite. Vaste zone militaire où ont été exécutés dans le secret des milliers d’opposants argentins et, paradoxalement, gigantesque poumon de Buenos Aires abritant une faune et une flore formidables, il demeure un gigantesque trou dans la ville. Qu’en faire – une réserve, un lieu de commémoration ? Jonathan Perel navigue entre images documentaires et mises en scène pour, progressivement, entrer dans ce lieu défendu, maudit, surveillé – inépuisable malgré les témoignages amassés. Et il choisit un des seuls outils avec lesquels on peut, peut-être, appréhender quelque chose de ce passé : par le corps. Courir, c’est ici visiter le camp mais aussi conjurer la terreur qui y est liée, mesurer et maîtriser le lieu par sa propre hauteur d’homme, endurcir sa peau et aiguiser son souffle à même sa présence.
Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition