Résumé
Partie 1 : “Le vote ne paie pas, prenons le fusil !” Scandés par les journaux télévisés quotidiens sur l’enlèvement d’Aldo Moro, les récits des brigadistes membres du commando Moro retracent leurs histoires personnelles d’ouvriers et de paysans, qui révèlent l’histoire ouvrière italienne des années 60, quand tous ceux du Sud de l’Italie vinrent travailler dans les immenses usines de Milan et de Turin. Cette émigration se fait dans des conditions très dures, les ouvriers qui n’ont pas de logement dorment dans la gare après leur journée de travail. Alors dans ces usines naît une révolte qui peu à peu dépasse les syndicats et le réformisme du parti communiste. Les Brigades Rouges se constituent autour de l’espoir d’un conflit ouvert avec le patronat à l’opposé du compromis syndical qui aboutira au “compromis historique” : une alliance de gouvernement entre le PCI et la Démocratie Chrétienne (dont le chef était Aldo Moro).
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- Partie 2 (à 60mn) : “La révolution n’est pas un dîner mondain.” Ici c’est la montée du conflit ouvert avec l’État, semé d’assassinats, d’attaques par balles de personnages hauts placés et, comme inévitable, la guerre frontale : l’enlèvement d’Aldo Moro, président de la Démocratie Chrétienne. Le détail de l’enlèvement, de la détention et du procès que les Brigadistes font à Aldo Moro montre un groupe en train d’essayer d’avoir le statut d’ennemi, la volonté d’être en guerre avec l’État italien. Celui qui portera le coup fatal à cet enlèvement est le pape, qui par sa demande de reddition sans condition empêche in fine toute négociation, ce qu’Aldo Moro avait parfaitement compris et qui aboutira à sa mort.
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L'avis de Tënk
Découvrir une parole de l’intérieur des Brigades rouges, sans aucune justification moralisante d’après coup. Le film nous propose d’écouter la parole de ces hommes que l’on a rapidement considérés comme des criminels, et de connaître au minimum leurs raisonnements et leurs actions. Comment ces ouvriers en arrivent à se lancer dans la lutte armée. Leur mouvement se veut une guérilla, se considère en "guerre" contre l’État et contre le patronat. Ces "moines brigadistes" dessinent une ligne politique violente pour attaquer l’État, les industriels et accomplir leur révolte, celle des ouvriers et des jeunes à la fin des années 60 et 70 en Italie. Comment s’est construite leur réflexion à partir de leur expérience d’ouvriers ? On voit ici le talent extraordinaire du réalisateur qui colle aux faits et à la pensée de ceux qu’il écoute, qui ont passé souvent plus de 30 années en prison.
Dès le début une autre voix s’élève qui dit "nous" et qui parle du point de vue du "peuple de gauche" regardant en arrière son incompréhension durant les "années de plomb". Comment ces militants, syndicalistes, humanistes sont restés pétrifiés devant l’énergie désespérée des ouvriers et des jeunes, condamnant avant tout la violence des Brigades rouges, qui se révéla leur échec.
Claire Simon
Réalisatrice